ESSAIS

METRO (pas de boulot-pas de dodo)
description 1, sans tralala
9 heures – Charpennes – 30°. Juillet – trois hommes – tatoués – usés – brûlés par le soleil et l’alcool – heineken du matin – chagrin – le tram arrive et déverse son flot de passagers, pressés, propre, frais dispo pour la journée. Rien ne se passe – un seul des trois regarde passer ces inconnus qu’il voit tous les matins – même pas la force de demander – hier oui, pas aujourd’hui – le tram repart – regarde l’heure – attend le suivant – 5′ – cité lumière – une destination pleine de promesse – avec un peu de chance – un ticket – une pièce – une cigarette  – l’avenir au rythme du tram de 5′ en 7 ‘ attente pour une éternité


Des mots
sur un chemin,

des mots qui s’balancent
comme des abeilles ou des bourdons

qui dansent au soleil
comme des bulles de savon
qui glissent et s’effacent au ciel

des mots suspendues à nos lèvres gercées
qui s’interrogent

trois mots
mis bout à bout

qui dessinent  une courbe,

des virages, des lacets

des voies sans issue
des rebrousse chemins
des doubles sens uniques
la vie sans interdit;

Allez allez … un pied devant, un pas, deux pas,trois pas, quatre pas, cinq pas, six pas ça y est tu l’auras

le vu et l’entendu
Le vu et l’entendu m’a dit un jour
au plus profond de sa nuit un aveugle
n’oublies pas petite, surtout n’oublie pas,
seul compte le vu et l’entendu

Muette. Enfin.

En route ! nous portons dans nos mallettes les mots dits, les mots tus,les mots usés, les mots voulus, les pensées de la journée, comme autant de petites briques pour bâtir un avenir, pour croire encore que la poésie  pourra sauver l’envie.

Croisons nos doigts de pieds et comptons sur nos faux pas pour faire avancer ce cortège qui s’ébranle, incertain, vers demain, demain, et encore demain. Après mon demain, le tien, le sien, le nôtre et ainsi iront nos envies de vie. Dansons. Faisons tout pour que nos vies dévient. Dansons à l’envie.
Laissons nous dérouter les idées, sur le fil de l’itinérance entrons dans la danse des mots. Comme l’oiseau chante sur la branche quand la tronçonneuse hurle son éternel refrain, nous irons, confiants, nous rirons et serons fiers d’avoir été là aujourd’hui.

Ne rien figer, croire aux oxymores, aux douces tempêtes, aux rafales de mots, à l’apparente stupidité. L’intelligence est dans le non sens, dans l’essence même, à mon sens la pureté. Croire,, croire à l’impossible, consentir à l’absurde absolu, debout, face à la porte de la pensée. Le vu et l’entendu.
Veiller à préserver la joie de l’abeille.La joie de l’abeille. La joie de l’abeille. Eveillés, reveillés.

Oser être juste ce qu’on est.

Juste o.ser

Choeur d’étoilessonge17

Un choeur d’étoiles éclate
étoile de pique ou de carreau
Un choeur d’étoiles éclate
étoile de mer qui tombe à l’eau

Flotte comme la voie lactée
qui emboîte le  pas à  l’immensité
Trotte comme l’été qui claque la porte
aux voix du passé.

Un choeur d’étoiles éclate
etoile de pique qui chante faux
Un choeur d’étoile matraque
son requiem dans mon dos

Serrure céleste je déboule à toute allure
et déboite
Je craque l’allumette de mes rêves
et consume tout à trac
plus d’épate

Un choeur d’étoiles éclate
étoile de pique ou de carreau
Un choeur d’étoiles me mate
je garde la tête sous l’eau

Attendre le temps au tournant
des lustres d’années lumière
attendre que s’efface les traces
d’étoiles ephémères

Un choeur d’étoiles
tombe à l’eau.

 

En noir et blanc

Y’a un piano noir, sur la scène, qui attend, un piano noir, un peu de toi présent.

Sur le clavier, je vois tes yeux en noir et blanc.

Un autre que toi y pose ses doigts, C’est un peu de toi que j’entends en noir et blanc, dans ce piano noir qui attend.

Je sens tes mains sur ma peau, dans le mouvement de cette musique qui ment.

Sauvage et libre courant d’air, fier et impertinent, filant comme la lumière, tu mens. Et mes larmes coulent sans t’atteindre, sans éteindre mes tourments, tu ne m’entends pas, tu mens.

Tu mens comme la douceur, comme le bonheur qui file avec le temps, tu m’envoûtes et j’aspire au néant.

Je n’ai pas su, tu ne m’as pas vu, perdu encore une fois, si près de toi.

Je te vois pourtant, partout où un piano noir attend.

Un piano qui comme moi dépend de toi, de tes mains sur moi.

J’attends que tu me vois, que tu m’accordes enfin à tes pas.

Touche à touche,  tu marches trop vite, de travers,

tu me frôles à peine, tu te perds, je me noie dans cette musique qui ment encore, sauvage et libre courant d’air.

Douceur âcre de kaki pas mûr, fragile hiver, engelures,

Tu restes froid face à moi, au pied du mur de mes silences, tu es de glace et moi sans importance. Tu te joues de moi, Tu ne me touches pas, fragile courant d’air, je suis la douleur de l’hiver, et ce piano sur lequel tu poses tes doigts, pleure pour moi.

La lumière s’est éteinte, Je ne t’emporte pas, je laisse au vent froid le soin de s’occuper de toi.

Je balaie tout au printemps et dépose la poussière de mon cœur au pied d’un piano noir qui s’envole, fier et impertinent comme le vent, face à la lumière de ton néant.

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photo © C. Boillon