BRUITS DE COULOIRS & MUSIQUE DE CHAMBRE

Pleinement dans l’instant, la relation se tisse

novalaise ehpad 2022

« Y’a des souvenirs qui font monter les larmes au bord des yeux
des larmes qui viennent du cœur, refoulées par erreur,
pourtant qu’est ce que c’est bon, de pleurer un bon coup
c’est bon comme respirer, pleurer sans frontière,
mais avec l’âge, on ne veut pas, on se retient,
par peur de ne plus s’arrêter et de s’enliser dans le chagrin.
Y’a des souvenirs qui font monter les larmes au bord des yeux
comme des petits lacs de lumière sur hier,
comme des petites lumières sur un passé joyeux. »

Oser la rencontre.
L’artiste Jocelyne Tournier, chanteuse et comédienne, auteure, propose de rencontrer des résidents dans leur chambre, dans un petit salon confortable, autour d’une table ou au creux d’un fauteuil, pour un moment d’intimité poétique. Des résidents qui ont du mal à s’inscrire dans les animations habituelles, qui ne peuvent pas se déplacer ou qui ont besoin d’un moment privilégié en tête à tête ou en petit comité.
Par le prisme de la chanson et de la poésie, une relation se tisse, de confiance et d’échange, sans
avoir trop de questions à poser.
Les souvenirs refont surface, on raconte, on compare, on explique, on échange. La chanson nous
fait voyager dans le temps.

Jocelyne ne prend pas de notes, n’enregistre pas. Elle est pleinement présente, dans l’instant, avec la personne. Des échanges ludiques, poétiques, émouvants et chantants !

En repartant, Jocelyne conserve en elle les mots dits, les mots tus, les sous-entendus, la rencontre. Elle offre quelques jours plus tard un portrait écrit de la personne rencontrée, sous forme de poème ou de prose. Elle saisit l’instant comme le ferait un photographe, qui au-delà de la forme, raconte le fond, le cœur, le moment traversé.
Ces textes peuvent également être mis en musique, et faire l’objet d’une restitution au sein de
l’établissement, avec d’autres chansons du répertoire.

« La vie d’avant, c’était pas pareil
c’était pas mieux, c’était pas pire,
mais avec l’âge on pardonne tout,
les jours de pluie,
les jours sans le sou.
Quand on est jeune qu’on a la vie devant soi
on va pas se plaindre pour des petits ou grands tracas,
on s’dit qu’ça va passer, que le meilleur est dans nos pas,
ces pas qui nous entraînent vers demain,
alors on rigolait, pour rien, on s’amusait,
léger, le cœur au bord des lèvres,
on avait soif d’aimer,
danser nous donnait la fièvre,
les petits rendez-vous
les filles jolies aux robes fleuries
les jeunes gars fringants et gominés
on aimait ça, s’amuser,
la guerre était passée par là,
on voulait pas se retourner
on voulait la vie légère, pour l’éternité. »


sdr


Quand elle parle de son enfance, de son pays, le nord
les chtis, l’accent revient dans le récit.
Geneviève est chti sans chichi, c’est là bas son vrai pays,
ce pays généreux où les émotions carburent en grand format,
celui où elle a grandi, loin de la fratrie.
Séparée des frangins, les filles par là, les garçons par ici.
Elle parle de sa cousine chez qui elle a grandi.
Adeline et Gaston, son mari. Gaston il aimait bien son p’tit canon, et
puis un deux, trois, parfois plus, les soirées au bistrot pas facile
pour Adeline la cousine .
Geneviève, c’est dans la cuisine d’Adeline qu’elle a apprit à danser.
La TSF jouait des airs de valse et Geneviève dansait avec sa jupe
qui volait.
Geneviève a la générosité au fond des yeux, au creux des mains,
ses mains qu’elle fait danser pour nous dire au revoir !
Geneviève, si vous saviez comme on a envie de vous emmener danser, encore, comme dans la cuisine de la cousine
.

Jocelyne Tournier – Geneviève 25/10/2022 – Novalaise


Un drôle de truc que la vie…
lui , apprenti, arrivé de Paris,
à 17 ans, si j’ai bien compris,
André
a plus envie de s’amuser
que d’apprendre les tripes à la mode de Caen,
et pourtant,
on lui en aurait donné de danser devant le buffet !
Alors André a travaillé comme un acharné
apprendre un métier,
l’a t-il choisi,
c’est pas dit,
mais avec le temps et les années,
André a gardé la passion des bonnes choses, bien préparées.
Prendre le temps,
du découpage au rissolage.
Voilà que 50 ans après
André nous fait saliver,
dans le petit salon de la maison à Novalaise
à nous raconter la cuisson des tripes et tous les petits secrets bien
gardés…
j’en mangerai bien des tripes à la mode d’André
Quand la semaine était terminée,
André avait rendez vous avec les copains et les c
opines,
assis au bord du caniveau,
au milieu, une radio.
« Tous les moments de liberté
on les passait là ».

C’est comme ça,
quand on est jeune on veut un endroit à soi, un peu mais pas trop
caché.
« On faisait rien, on discutait, on rigolait,
parfois on dansait, un peu, la radio c’était la vie
les chansons à la mode,
celles qui faisaient rêver. »

C’est important la musique,
c’est un passeport pour la liberté
« on oubliait tout »,
le patron bougon
les coups de pieds au cul
les paupiettes un peu trop salées.
C’était la vie
l’insouciance,
la vie qui se balance,
l’avenir à sourire, l’avenir à déguster.
C’est comme ça qu’il a rencontré sa fiancée,
André le garçon charcutier,
avec la radio comme complice
André au regard plein de malice, un soir d’été.

Jocelyne Tournier – André 27/09/2022 – Novalaise

dav